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les Bougnats

5 Août 2015 , Rédigé par l'oustal de saint juéry Publié dans #HISTOIRE EN AVEYRON

Un bougnat est un immigrant installé à Paris, originaire du Massif central et plus particulièrement du nord de l'Aveyron (Aubrac, Viadène, vallée du Lot). Après avoir exercé la profession de porteur d'eau (pour les bains) au XIXe siècle, les immigrants aveyronnais vont s'orienter progressivement dans le commerce du bois et du charbon (livré à domicile) ainsi que dans les débits de boisson (vin, limonade).

Les Parisiens vont les appeler bougnats à partir de cette époque (mot dérivé de charbonnier et aussi certainement d'auvergnat). Durs au travail et formant une communauté très soudée, beaucoup d'entre eux afficheront de belles réussites. Aujourd'hui, même si beaucoup de cafés parisiens ont changé de main, la communauté des cafetiers aveyronnais est toujours bien présente..

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L'histoire des Bougnats de Paris

 

Avec les révolutions industrielles, les migrations se multiplièrent pour échapper à la misère des campagnes et le XIXe siècle offrit à nos ancêtres de nouveaux horizons... Précurseurs et volontaires, les paysans du Massif Central (principalement auvergnats et aveyronnais) avaient déjà colonisé Paris à la fin du XVIIIe siècle. Pour s'intégrer dans cette ville pleine d'opportunités, ils brillaient dans tous les travaux durs et fatigants que les parisiens boudaient.

L’eau courante n’existait pas encore et les parisiens consommaient de plus en plus d’eau : les « Auvergnats » porteurs d’eau leur amenèrent à domicile. Ils existe deux catégories de porteur d’eau la plus favorisée possède une tonne de 800 à 1200 litres montée sur roues et attelée à un cheval, l’autre la plus humble et la plus nombreuse se contente de deux seaux d’une douzaine de litres qu’ils portent sur l’épaule à l’aide d’un joug. Les premiers disposent d’une fontaine spéciale qui leur est réservée moyennant finances.

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Les seconds doivent aller à la fontaine publique prendre la queue pour remplir leur seaux avant de les monter à l’étage des clients pour trois sous le voyage, plus les étrennes à la Noël.

Mais à la suite des travaux du baron Haussmann les eaux de la Vanne et de la Dhuys arrivent dans tout Paris et desservent les étages.

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De porteur d’eau à Charbougnat

Mais rien n’arrête l’imagination Auvergnate. Les riches aspirent à se laver davantage mais n’ont pas les installations nécessaires, les anciens porteurs d’eau vont leur en emmener de la chaude. Marcelin Cazes, futur propriétaire de la brasserie Lipp, exerça, à ses débuts parisiens, cette activité. Le livreur venait avec une charrette transportant la baignoire et des seaux d’eau chaude. Arrivé devant le domicile du client il montait successivement la baignoire, l’eau chaude, puis de l’eau froide qu’il allait chercher au robinet de la cour (il faut supposer qu’à l’époque antérieure il apportait également l’eau froide !).

Il n’avait pas le droit de rester dans l’appartement pendant que le client (qui était le plus souvent une cliente) prenait son bain, aussi il se reposait sur le palier. Ensuite il ne lui restait plus qu’à aller vider l’eau sale dans la cour et à recharger sa charrette. Tout cela devait s’accomplir sans renverser une goutte d’eau, sous peine de perdre son pourboire.

La profession de porteur d’eau froide ou chaude périclitant les Auvergnants vont se reconvertir dans le charbon. Les marchands de charbon auvergnats seront bientôt connus sous le nom de « bougnats » (sans doute l’abréviation de charbougnat, charbonnier, avec le prétendu accent que leur prêtent les Parisiens.

 

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L’origine de l’alliance si durable entre l’Auvergnat et le charbon est peut-être la vente à Paris du charbon de Brassac. Il y avait également, parmi les petits métiers de la rue, des marchands de bois (les ligots) ambulants qui vont se fixer et vendre tous les combustibles. Mais surtout le charbon permet la reconversion progressive des porteurs d’eau dont la vente baissait en hiver alors que précisément celle du charbon augmentait. A la différence du porteur d’eau, le charbonnier avait une petite boutique.


C’est le début de l’ascension commerciale avec ses difficultés, ses risques mais aussi ses chances. Pendant toute l’époque de transition, beaucoup d’Auvergnats seront en même temps allumeurs de réverbères, ce qui leur prendra une heure par jour et leur assurera un petit fixe.

 

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Mais déjà ils regarderont du côté d’une autre activité de vente, celle du vin. Ils vont alors soit l’adjoindre à leur commerce de charbon, soit s’y consacrer entièrement. Les bases de la future activité principale des Auvergnats de Paris sont déjà jetées. Les porteurs d’eau, devenus charbonniers et marchands de vin, viennent d ’un pays rude ou une paysannerie garde des moeurs austères sous la direction de son clergé.

Ils ne viennent pas à Paris par hasard mais avec un dessein bien précis : par un travail acharné et méthodique, ils vont rapporter au pays une somme substantielle. Ainsi se constitue le milieu d’accueil, le jeune émigrant trouvera désormais à Paris des compatriotes et souvent des parents qui lui procureront vivres, couvert, et surtout renseignements et travail.

 

 

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